L'aviation d'affaires affronte encore des vents contraires

Le marché des jets d'affaires, qui s'était nettement redressé en 2014 après cinq années de crise, donne des signes de fléchissement du fait du ralentissement des marchés émergents.

Une fois encore, le Salon Ebace de l'aviation d'affaires, qui se tient de mardi à jeudi à Genève, sera placé sous le signe de l'incertitude. La reprise des ventes de jets d'affaires, qui s'était enfin manifestée en 2014 après cinq ans de crise, est de nouveau menacée par des vents contraires sur les marchés émergents. La crise ukrainienne a mis un coup d'arrêt brutal à l'envolée du marché russe, tandis qu'en Chine et au Brésil le ralentissement de l'économie a déçu les espérances des fabricants. Résultat, si les livraisons de jets d'affaires étaient en hausse de 6,5 % en 2014, avec 722 appareils livrés contre 678 en 2013, le secteur est loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant la crise de 2008 (1.317 livraisons). Et 2015 paraît mal engagée avec des livraisons de « business jets » en recul de 13,6 % au premier trimestre, à 133 appareils, selon les chiffres de l'Association des constructeurs de l'aviation générale (Gama). Illustration de ces difficultés : le québécois a annoncé la semaine dernière 1.700 suppressions de postes supplémentaires, en invoquant le ralentissement des ventes sur plusieurs marchés internationaux.

Face à ces vents contraires, avionneurs et grands opérateurs misent plus que jamais sur les nouveaux modèles pour stimuler la demande. C'est le cas de Dassault Aviation, qui a investi 1,5 milliard d'euros dans le lancement de deux nouveaux modèles en 2014 : le Falcon 5X, dont le premier exemplaire sera dévoilé le 3 juin, et le Falcon 8X, le nouveau fleuron de la gamme, qui a effectué son premier vol d'essai en février. Deux appareils « bien accueillis par le marché », selon le PDG, Eric Trappier, qui ne donne toutefois aucun chiffre précis. « Grâce aux nouveaux modèles, les prises de commande de Falcon sont reparties à la hausse en 2014 » [avec 90 appareils contre 64 en 2013, NDLR], se félicite-t-il. « Il faut voir si 2015 confirmera cette reprise ou pas. C'est encore difficile à dire. Aux Etats-Unis, la reprise est là, mais la situation est moins favorable en Chine et au Brésil. Quant au marché russe, il est touché par la crise », poursuit-il. Quoi qu'il en soit, les livraisons de Falcon resteront au niveau plancher de 65 appareils en 2015 et en 2016. Contre 77 en 2013 et 95 en 2010. Seul avionneur à ne pas avoir licencié pendant la crise, Dassault Aviation peut compter sur les ventes de Rafale pour occuper ses salariés, contrairement à ses concurrents nord-américains Bombardier et Gulfstream, qui doivent redoubler d'agressivité commerciale pour placer leurs avions.

Faute de croissance, l'heure est à la consolidation

Du côté des exploitants de jets d'affaires, la situation est contrastée. Si les plus gros ont profité de la crise pour passer des commandes à bon prix, la conjoncture incertaine ne les épargne pas. C'est le cas de l'américain NetJets, numéro un mondial de la location-vente d'avions d'affaires. Venu à Genève prendre livraison du premier exemplaire du nouveau Challenger 350 de Bombardier - le premier d'une commande record de 75 appareils annoncée en 2014 -, son PDG, Jordan Hansell, reconnaît une baisse d'activité de 30 % en Russie. Le groupe n'a toujours pas retrouvé son niveau d'activité de 2009, a-t-il indiqué au journal suisse « Le Temps ».

Faute de croissance, l'heure est donc plus que jamais à la consolidation. Dernier exemple en date : le rachat du suisse ExecuJet par le luxembourgeois Luxaviation, qui se hisse au deuxième rang mondial, derrière NetJets, avec une flotte de 255 appareils. En 2014, Luxaviation avait déjà racheté le français Unijet, le britannique London Executive Aviation et le portugais Masterjet.

source Les Echos

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