Didier Aivazoff, Supply Job : "Le logisticien moderne doit être un grand communicant"

Didier Aivazoff, directeur technique de Supply Job, une entité spécialisée dans le recrutement des cadres en supply chain, évoque les perspectives d'évolution de l'emploi dans ce secteur pour 2015. Il détaille également les profils recherchés et partage ses bons conseils.

Logistiques Magazine : Comment se présente l’année 2015 pour l’emploi des cadres dans les métiers de la logistique et de la supply chain ?
Didier Aivazoff
: Il est vrai que le contexte économique n’est pas favorable et que les entreprises sont plutôt frileuses à recruter. Toutefois, des opportunités se présentent sur le marché. Les PME, y compris les plus petites d’entre elles, ont pris conscience de la nécessité stratégique d’avoir une organisation supply chain et cherchent donc des profils compétents pour les aider à acquérir cette culture qu’elles n’ont pas. Leurs besoins sont très forts et elles n’ont plus de complexes à s’entourer de professionnels dont le CV aurait pu paraître surdimensionné il y a peu de temps encore.
Les entreprises de la distribution sont également en pleine restructuration. Elles sont en train de passer d’une logistique de distribution vers une organisation supply et redimensionnent ainsi leurs services logistiques autour d’une stratégie supply chain, intervenant sur la globalité des flux. Pour les accompagner dans cette mutation, elles ont besoin d’interlocuteurs ayant un rôle transversal dans l’entreprise et capables d’optimiser la gestion des flux globaux.

L. M. : Quels sont les profils les plus recherchés par les entreprises ?
D. A.
: Quels que soient leurs secteurs d’activités, les besoins des entreprises sont identiques. Chez les logisticiens, les compétences techniques et managériales sont indissociables. Le logisticien moderne n’est pas enfermé entre les quatre murs de son entrepôt. Il est entre l’amont et l’aval, il fédère les équipes en interne, manage les relations avec les clients et les fournisseurs. Il doit donc être un grand communicant. Cela ne le dispense pas, bien entendu, de maîtriser les techniques : stratégie d’implantation d’entrepôt, pilotage et analyse de la performance, outils MRP2 (prévisions des ventes, plans directeurs de production…), lean management… Pour toutes ces raisons, les candidats ayant un parcours ciblé dans la prestation logistique sont intéressants car ils ont un sens du client développé et sont familiers avec les outils de pilotage de la performance.

L. M. : Quels conseils donneriez-vous aux candidats logisticiens pour tirer leur épingle du jeu lorsqu’ils répondent à une offre d’emploi ?
D. A.
: Nous recevons 100 à 250 candidatures pour un poste. Parmi ces dernières, 25 sont sélectionnées pour un entretien téléphonique et une quinzaine pour un entretien, plus long, en tête à tête. Nous proposons ensuite 3 à 5 dossiers à l’entreprise qui recrute. Le premier "tri'" est effectué à l’aide d’un logiciel dans lequel nous rentrons des mots clés en fonction du poste concerné. Il est donc capital d’adapter son CV et sa lettre de motivation à l’annonce à laquelle on répond et d’y intégrer les mots clés correspondants au poste visé. Il faut éviter les titres bateau comme "logisticien" et valoriser des expériences précises en indiquant une fonction (chef de projet WMS, par exemple), en détaillant ses responsabilités (taille de l’entrepôt, budget, effectif) ainsi que l’évolution des performances réalisées (productivité, etc.).
Sur la forme, mieux vaut jouer la transparence. Être demandeur d’emploi n’est absolument pas discriminant. On peut l’indiquer en début de CV par une formule du type "en recherche d’emploi, je suis disponible immédiatement pour cette opportunité". Il est également préférable d’indiquer son âge et de joindre une photo à son CV. À condition néanmoins d’éviter à tout prix les selfies ou les photos de vacances, avec lunettes de soleil et chapeau de paille. Pas besoin pour autant d’apparaître en costume trois pièces. Un simple portrait en veste et chemise fait très bien l’affaire. Dans le même état d’esprit, il faut indiquer une adresse e-mail simple et sérieuse composée de son prénom ou de son initiale puis de son nom. Les adresses e-mails farfelues du type chezfifi@toutoumania.fr sont à bannir. Bref, il faut rassurer le recruteur et ne pas hésiter à être proactif. Joindre à son CV une lettre de recommandation de supérieurs hiérarchiques est une initiative bienvenue, même si celle-ci n’est pas demandée dans l’annonce. Il est également possible de doubler une candidature électronique d’un courrier postal soigné et clair. Pour recruter la perle rare, tout particulièrement dans les régions cloisonnées et excentrées et dans les secteurs d’activités peu attractifs (traitement des déchets, recyclage…), les employeurs doivent de leurs côtés adapter leur niveau de rémunération et agir vite, sans multiplier les entretiens. La réussite d’un recrutement repose sur la capacité de l’entreprise à se mobiliser rapidement.

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